LE SPORT : du plaisir à la dépendance

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La bigorexie

Les effets bénéfiques de l’activité physique régulière sur la santé sont avérés. Dans notre société actuelle, nous devenons de plus en plus sédentaires, c’est pourquoi l’activité sportive est l’alliée indispensable de notre santé. Mais chaque médaille a son revers, et le sport n’y échappe pas. Comme pour les autres comportements addictifs, trop de pratique devient nuisible pour la santé. Les excès peuvent prendre une dimension compulsive et conduire à la dépendance à l’activité physique, la pathologie s’appelle la bigorexie. Cette maladie est au cœur des réflexions. D’après une étude, le risque d’être touché par la bigorexie serait plus élevé chez les sportifs amateurs qui pratiquent plus de 10 heures de sport par semaine.

Si la plupart des maladies mentales trouvent leur origine dans notre patrimoine génétique, les facteurs sociaux peuvent jouer un rôle majeur. L’obsession de la minceur est étroitement liée à l’image du « corps idéal » véhiculé dans les médias. Le manque affectif, professionnel ou de valorisation peuvent également être à l’origine de cette dépendance.

La personne qui souffre de cette dépendance commence à organiser sa vie sociale autour du sport, qui devient sa plus grande priorité. Ces sacrifices affectent sérieusement la vie familiale, affective et professionnelle.

Nous avons demandé à un pro!

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Afin d’obtenir le regard d’un sportif professionnel sur la question, nous avons interrogé Ibrahim Toraman, footballeur professionnel.

Dans cet interview, le joueur nous livre sa passion pour le foot et son approche à la pratique du sport intensif. Pour tous les amateurs qui ont des difficultés à savoir s’ils font suffisamment de sport, cet article est pour vous.

Ibrahim Toraman: ‘‘ Pour moi le sport est une passion, pas une dépendance.”

Pouvez-vous nous parler de vos débuts dans le foot? Quels sentiments ce sport éveille-t-il en vous?

J’ai commencé à jouer au foot très jeune. J’ai toujours aimé le ballon, je peux dire que c’était toute ma vie. Rien ne m’empêchait d’y jouer, ni le mauvais temps ni l’absence de compagnon. Il m’arrivait de jouer dehors dans un froid polaire ou contre le mur si je n’avais personne avec qui jouer. J’ai commencé à jouer dans une équipe amateur à l’âge de 10 ans, c’est là que j’ai été découvert. Ma vie de footballeur professionnel a commencé au club de Gaziantepspor. Après sept années passées dans cette équipe, j’ai été transféré à Beşiktaş avant la saison 2004/2005. C’est un rêve que j’ai poursuivi pendant des années, au nom duquel j’ai changé toute ma vie. Très jeune, j’ai dû m’éloigner de ma famille, de ma maison et de la ville dans laquelle je suis né.

Le foot c’est un sentiment de bonheur avant tout, une vraie passion.

Avez-vous entendu parler de la bigorexie? Il s’agit de l’addiction au sport et à l’exercice musculaire. Ceux qui en sont atteints ne sont jamais satisfaits de leur masse musculaire. Que pensez-vous de la dépendance au sport, êtes-vous concerné?

En ce qui me concerne, le sport c’est une passion pas une dépendance. Je suis un footballeur professionnel, par conséquent l’entraînement régulier ne veut pas dire que je suis accro au sport, c’est mon travail. Bien entendu, je prends plaisir à le pratiquer, c’est un peu comme un loisir passionnel. Pour ce qui est de la bigorexie, je n’ai jamais pensé à me muscler davantage. Le sport fait partie intégrante de ma vie et à ce titre, je suis toujours en forme.

ibo1Croyez-vous en l’efficacité de l’imagerie mentale dans le sport de haut niveau? 

Bien sûr, elle est même redoutablement efficace. Avant de jouer un match, je le joue mentalement. Par exemple je visualise le terrain, mes coéquipiers, mes adversaires, la technique que je vais adopter, etc. Cet entraînement mental facilite la réalisation des objectifs. Pour les sportifs de haut niveau, les aptitudes psychiques ont autant d’importance que les aptitudes physiques.

Est-ce que vos activités sont majoritairement orientées sport? Avez-vous déjà fait une pause d’une semaine pour d’autres motifs qu’une blessure? Quelles sont vos habitudes alimentaires? 

Naturellement, le sport occupe une place importante dans ma vie, si je dois voir mes amis, il est vrai que j’aime qu’il y ait un moment sportif. Par exemple, si nous allons au restaurant, je propose une partie de tennis au préalable.

Bien entendu, j’ai déjà fait une pause d’une semaine, voire deux si la saison a été intense. Je pense qu’il est indispensable de s’accorder un break par moment. Aussi, il est essentiel de se reposer entre les entraînements pour permettre au corps de récupérer et ainsi favoriser la performance. La plupart du temps, j’essaie de manger sainement. Il m’arrive de faire des écarts mais lorsque j’en ressens les effets néfastes, je regrette. Le régime alimentaire du sportif doit avant tout être orienté performance plutôt que perte de poids.

Avez-vous des dépendances, par exemple à l’admiration de vos fans? Lorsque vous pensez à l’avenir, comment vous sentez-vous à l’idée de devenir ‘has been’?

J’essaie d’être le plus réaliste possible, je connais bien ce milieu et je sais que l’on m’oubliera aussitôt que je disparaîtrai des écrans. C’est pourquoi je m’y prépare d’ores et déjà. Qui n’aime pas l’attention? Je l’apprécie moi aussi mais je garde les pieds sur terre. Et je pense que lorsqu’on a conscience que c’est éphémère, il n’y a pas de raison d’en être dépendant.

 Les célébrités sont très sollicitées, est-ce que cette situation complique vos choix amicaux?

Je fais attention en choisissant mes amis. Heureusement, j’ai des amis de longue date qui m’apprécient réellement pour la personne que je suis et non pour le footballeur qu’ils voient en moi.

Pensez-vous que la pratique quotidienne du sport est indispensable? Par exemple, je suis amatrice mais j’aime le sport. Il m’arrive de culpabiliser si je fais une pause trop longue.

Personnellement, je ne recommande pas d’en faire tous les jours, encore moins à un amateur. Même les sportifs professionnels font des breaks. Comme je l’ai dit un peu avant, le corps a besoin de récupération.

Vous avez mentionné les aptitudes psychiques des sportifs. C’est vrai qu’on n’y pense pas forcément. Avez-vous une formation particulière à ce niveau?

À ce jour, l’accompagnement psychologique du sportif n’est pas pratique courante en Turquie. Avec le temps et l’expérience, nous apprenons à nous préparer psychologiquement et mentalement. Nous vivons des sentiments intenses, de joie et de tristesse. Nous sommes confrontés à des échecs, des blessures… Nous devons apprendre à être robuste psychologiquement pour faire face au stress et à la pression.

 

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