«Quels sont les effets de la dépendance à la technologie sur le quotidien des enfants?»
Si les enseignants passent au moins autant de temps que nous avec nos enfants, ils les connaissent aussi bien et leur opinion vaut autant que la nôtre. À ce titre, nous avons interrogé une institutrice maternelle, Ece İkizler. Voici son opinion et ses conclusions.
Nous ne cessons de montrer du doigt l’hyperconnectivité que l’on qualifie de maladie du siècle. On se demande comment nos enfants, qui ne contemplent plus de paysages ou évitent les échanges humains, sont devenus prisonniers de ces appareils intelligents. Est-ce normal que la notion d’amitié ou de jeux ne se limite plus qu’à l’école ? Avant de les accusez, ne faudrait-il pas se remettre en question? Lorsque vous demandez à votre enfant d’abandonner le digital pour aller prendre l’air, vous oubliez que vous-même manquez complètement d’oxygène et ne faites rien contre! «J’ai peur de me salir, car je ne sais pas courir.» Telle était la réponse troublante d’un élève à qui j’ai un jour demandé de courir. Il n’est qu’à penser pour donner une idée de l’ampleur du phénomène que nos enfants n’ont aucune idée de la valeur de courir et vous savez combien cette activité et l’enfance étaient indissociables autrefois.
Comment en est-on arrivé là? Au risque de décevoir quelques parents, il faut bien admettre qu’ils ne sont pas complètement innocents. Sachez que l’enfant est un peu une réflexion de ses parents, il se développe à coups de réflexes mimétiques. Vous avez beau lui parler de votre enfance, de la beauté de la nature, c’est à partir de ce qu’il observe qu’il va chercher à se développer et non de ce que vous lui dites de faire. Posez-vous les bonnes questions. Aviez-vous des « boîtes intelligentes » à l’âge de deux ans? Votre père interrompait-il une conversation entre amis pour un selfie? Votre mère s’empressait-elle de prendre la photo des plats avant de les partager avec ses voisins? L’apparence primait-elle sur la beauté intérieure? Je ne pense pas. Prêchez par l’exemple, voici une solution pleine de bon sens.
Autrefois on organisait des pique-niques en famille, c’est dans une ambiance conviviale que l’on profitait du moment présent. Maman s’amusait à courir dans les champs avec ma tante, mon père jouait au foot. Dans mon quartier, chaque jour une nouvelle histoire me transportait. La communication, l’amitié et le partage étaient sincères mais nos écrans ont eu raison de tout cela. On préfère prendre des photos que se regarder dans les yeux, courir dans une salle de sport qu’en plein air. On est devenus méfiants et individualistes. Et le pire, c’est que nous ne cessons de nous plaindre de cette situation sans rien faire pour y remédier, quel paradoxe!
Si vous êtes nostalgiques du passé, pensez à ceux qui vous ont élevés et consacrez plus de temps à vos enfants qu’à vos gadgets préférés. Puisque l’enfant reproduit souvent le modèle parental, il n’est pas inutile de rappeler la valeur et les vertus de l’exemplarité. Montrez le bon exemple pour que cette génération qui ne sait même plus courir ait de bonnes valeurs desquelles s’inspirer.
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